Les pyramides de Tiaret gardent leurs secrets
Les djeddars de Frenda sont à l’origine des monuments funéraires berbères datés du Ve et VIe siècles, ils sont au nombre de 13, érigés sur deux collines distantes de six kilomètres l’une de l’autre; les trois plus anciens sur le djebel Lakhdar, quant au deuxième ensemble, Thernatin, il est composé de dix tombeaux censés être une véritable nécropole, en aval du mont Aroui. Ils sont vieux de plus de 1.600 ans et leurs secrets ne sont pas encore percés. ils sont considérés comme étant les derniers vestiges de l’Algérie avant l’Islam, selon les archéologues.
Du point de vue architectural, ces édifices sont construits en pierres de calcaire taillées à base carrée et mesurent jusqu’à 18 mètres de hauteur, pour une armature allant de 11,5 à 46 mètres de côté.
On trouve à l’intérieur des djeddars de Frenda des galeries qui mènent toutes à des pièces, que les chercheurs pensent qu’il s’agit probablement de lieux de culte funéraires. Les portes des chambres funéraires sont ornées de rosaces ou de chevrons; des motifs visibles sur les édifices chrétiens. Elles sont aussi décorées de sculptures d’animaux et de quelques scènes de chasse. Des inscriptions, dont l’origine reste encore embrouillée, sont également visibles.
D’après les historiens, ces monuments funéraires ont été construits à l’époque du déclin de l’empire romain d’Occident, qui coïncidait avec l’invasion vandale puis byzantine et le début de la conquête arabe du Nord de l’Afrique et plus précisément de la Numidie romaine «Maghreb». Les historiens et chercheurs appellent cette période «siècle obscur du Maghreb».
C’est vers la fin du XIXe siècle, vers 1831, que le génie militaire français a entamé les premières fouilles, et il en explore neuf à partir de 1865. Il a fallu attendre la fin des années soixante, pour que l’éminente archéologue algérienne Fatima Kadra étudie en profondeur les trois djeddars les plus anciens, les seuls fouillés depuis l’indépendance de l’Algérie, permettant ainsi d’améliorer considérablement leur connaissance.
«Les archives françaises sur les djeddars ne sont pas disponibles et les objets et ossements trouvés dans certains à l’époque coloniale ont été emportés en France», regrette Rachid Mahouz, archéologue, enfant de la région.
Les djeddars figurent au patrimoine national algérien depuis 1969. Les autorités et archéologues du pays souhaitent les faire inscrire sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco pour préserver leur héritage, afin de mieux les étudier et de les protéger. Il y a deux ans que le dossier a été déposé par le Centre national pour la recherche préhistorique, anthropologique et historique (CNRPAH) au niveau de l’Unesco. Les pyramides de Tiaret gardent de nombreux secrets, dont un en particulier : qui sont les personnes qui y sont inhumées ?