Le Dar es Souf, situé dans la basse Casbah de la wilaya d’Alger, nous dévoile l’architecture et les décorations luxueuses et raffinées de l’ancienne demeure du dey d’Alger, Mustapha Pacha. Le Palais est aussi appelé Maison du Dar Souf, Dar Essouf, Dar el Souf. Dar Al Suf, ou Hotel de la Division.

Histoire
Depuis sa construction jusqu’à nos jours, le palais Dar es Souf n’a cessé de changer de fonctions, sans pour autant détruire la splendeur de ses décors et de son architecture. 

En 1798, le dey d’Alger, Mustapha Pacha, neveu de son prédécesseur Hassan Pacha, marque d’emblée son accession au pouvoir par la construction de somptueux palais, dont le Dar es Souf dans la basse Casbah. Cette demeure est directement annexée au Dar Mustapha Pacha, édifié la même année afin d’abriter la résidence secondaire du dey. Mais ce dernier meurt assassiné en 1805;  le dey Ahmed Pacha lui succède. Celui-ci s’empresse de confisquer les deux demeures de son prédécesseur, car on prétendait qu’elles avaient été construites avec l’argent de l’armée. Le Dar es Souf est ainsi attribué comme bien aux janissaires, ce qui explique le nom qu’il prend à partir de cette époque : ; ces derniers utilisent le palais pour y entreposer la laine provenant du paiement des tribus, d’où sa fonction d’entrepôt lainier jusqu’à l’arrivée des troupes françaises. A partir de 1830, le palais est occupé par l’armée française et devient « l’Hôtel de l’Intendance » ou « Hôtel de la Division » . Puis ide 1871 à 1885, il devient le siège de la Cour d’assises et du parquet général  ; il est classé Monument historique le 30 mars 1887. Le palais accueille désormais l’Ecole de conservation et des restauration des biens culturels.

Architecture et décor

Le Dar es Souf est constitué de trois niveaux incluant des terrasses ouvertes au dernier niveau. Le patio, entouré de colonnes, se trouve au premier étage de la demeure et s’ouvre sur les deux galeries à colonnes, situées au deuxième étage. La particularité du palais est sa construction à proximité du Dar Mustapha Pacha. En effet, il constitue une annexe du grand palais, rendue accessible à l’aide d’une voûte située dans les étages, reliant ainsi les deux demeures afin de constituer le lieu de repos du dey. L’entrée du palais est constituée d’une porte cloutée entourée d’un encadrement en fer à cheval. Par ailleurs, comme on peut l’observer sur l’ensemble de l’architecture algérienne, le patio, qui semble hérité de l’architecture des Sumériens, sert à éclairer l’intérieur du palais en faisant directement pénétrer la lumière du jour. Des colonnes viennent entourer le patio afin de soutenir les deux galeries au-dessus. Sur les relevés au sol de chaque niveau, établis par Eugène Duthoit dans son rapport, nous pouvons nettement apercevoir le patio central en forme de carré au premier niveau du palais. Enfin, les étages s’ouvrent sur de grandes terrasses que nous pouvons voir sur le dernier plan, celui du troisième étage. L’architecture du Dar es-Souf est semblable à celle des  palais d’Alger de l’époque ottomane .

Les décorations, en revanche, relèvent d’un tel raffinement qu’elles ne cessent de susciter l’admiration de certains auteurs. Le décor intérieur, qui n’a pratiquement rien perdu de son état d’origine, est extrêmement luxueux et coloré. Il est dit que le dey Mustapha Pacha avait lui-même veillé à apporter à son palais le décor le plus minutieux. Nous pouvons ainsi découvrir de nombreux panneaux de faïences de Delft d’Italie qui ornent les murs du palais, des carreaux polychromes sur lesquels apparaissent de grandes feuilles d’acanthe. Les colonnes qui entourent le patio sont également décorées d’ornements. Les coupoles et les parois des salons sont ciselées de broderies tandis que les plafonds sont faits de bois polychromé. Enfin, les portes sont réalisées avec des techniques très raffinées, dont le singulier portail, à l’entrée du palais, orné d’un auvent de cèdre sculpté.
 

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